Par Perrine Corvest, fondatrice d’Atyprev
La formule « Bon geste, bonne posture » est bien connue dans le domaine de la prévention des troubles musculo-squelettiques.
Qui n’a jamais entendu : « Pour porter une charge, pliez les genoux et gardez le dos droit » ?
Selon nous, cette approche standardisée peut parfois être contre-productive… voire dangereuse. Il est temps de casser ce mythe et de redéfinir ce qu’est un geste réellement sûr au travail.
L’illusion du “geste unique” pour éviter les TMS
Le problème, c’est l’idée qu’il existerait un seul geste exact, applicable à tous, dans toutes les situations. Mais les corps humains sont tous différents : morphologies, forces, antécédents, habitudes… nous ne pouvons pas imposer qu’une seule règle et nier cette diversité biologique.
Exemple concret : la formule bien connue « plie les genoux »
Pour un port de charge modéré, un dos légèrement arrondi peut être plus physiologique et moins douloureux pour les genoux et les cuisses qu’un dos rigide et figé. Autrement dit : la posture idéale dépend avant tout de la charge, du contexte et de la personne.
Que faisons-nous naturellement quand nous portons un enfant ? Nous ne pensons pas à garder le dos droit. Le corps s’adapte instinctivement : il fléchit, se tord, s’équilibre, et l’enfant, lui aussi, ajuste sa position. Ce réflexe intuitif nous montre que le corps humain cherche spontanément la solution la plus efficace, sans règle imposée.
En réalité, ce n’est pas le dos “rond” ou “droit” qui est dangereux : c’est le mouvement mal adapté à la situation, au corps et à l’environnement.
L’exemple des athlètes : quand l’adaptation à l’effort musculaire surpasse la règle
Le sport de haut niveau illustre parfaitement ce principe d’adaptation.
- En escalade, un grimpeur ne “tire” pas avec ses bras, il pousse avec ses jambes, bien plus puissantes. Ses bras servent à se stabiliser, pas à tracter.
Même logique au travail : utiliser les muscles les plus forts et les bons appuis, selon la tâche. - En musculation ou en haltérophilie, un dos légèrement courbé n’est pas interdit : il est souvent nécessaire pour mobiliser toute la chaîne musculaire.
Les athlètes ne cherchent pas la “posture parfaite”, mais le mouvement efficace et maîtrisé.
Et la science le prouve : la colonne vertébrale n’est pas une structure fragile, mais une architecture dynamique conçue pour encaisser les charges, à condition qu’elle soit entraînée et soutenue par une musculature solide.
L’exemple de Lamar Gant, powerlifter américain atteint de scoliose sévère, est édifiant : il a soulevé jusqu’à 238 kg pour 56 kg de poids de corps. En 1985, il est devenu le premier homme à soulever cinq fois son poids mort, soulevant 300 kg pour un poids corporel de 60 kg. (record Guinness).
Preuve qu’un corps, même imparfait, peut accomplir des performances extraordinaires grâce à la préparation et à l’adaptation.
Qu’est-ce qu’une “bonne posture” au final ?
La bonne posture n’est pas une position figée. C’est celle qui demande le moins d’effort à un instant donné, pour une tâche donnée, selon la personne qui la réalise.
Elle repose sur deux piliers :
L’adaptation de l’environnement de travail | Hauteur du poste, outils, organisation des tâches : tout doit être ajusté pour limiter les contraintes. |
L’adaptation de l’individu | Connaissance de son propre corps, mobilité, force, souplesse, et capacité à varier les postures. |
La prévention ne peut donc plus se limiter à un simple “fais comme ça”. Elle doit passer par une approche globale, qui intègre le renforcement et l’entretien du corps comme premier outil professionnel.
Cela passe par :
- Une activité physique régulière, même légère
- Des étirements ciblés avant ou après le travail
- Un échauffement musculaire pour préparer le corps aux gestes répétitifs ou aux efforts
La vision Atyprev : comprendre, connaître et muscler son corps
Avec l’équipe Atyprev, nous pensons qu’il n’existe pas un seul “bon geste”, mais votre geste, celui de vos collaborateurs, celui qui vous protège parce qu’il correspond à votre morphologie, à votre travail et à votre expérience.
Notre mission avec nos sensibilisations :
- Former à la compréhension du corps et des mécanismes de mouvement
- Accompagner vos équipes pour adapter les gestes et postures à la réalité du terrain
- Encourager chacun à faire de son corps son premier outil de prévention
Le slogan “Bon geste, bonne posture” appartient au passé. Aujourd’hui, la prévention des TMS passe par la personnalisation, la compréhension et la responsabilisation !